2024-2025 / PHIL0182-3

Séminaire de philosophie politique et sociale

Durée

45h SEM

Nombre de crédits

 Master en philosophie, à finalité approfondie10 crédits 
 Master en philosophie, à finalité didactique10 crédits 
 Master en philosophie, à finalité spécialisée en analyse et création de savoirs critiques10 crédits 
 Master en philosophie10 crédits 
 Master de spécialisation en philosophie et théorie politiques5 crédits 

Enseignant

Chiara Collamati, Edouard Delruelle

Langue(s) de l'unité d'enseignement

Langue française

Organisation et évaluation

Enseignement au premier quadrimestre, examen en janvier

Horaire

Horaire en ligne

Unités d'enseignement prérequises et corequises

Les unités prérequises ou corequises sont présentées au sein de chaque programme

Contenus de l'unité d'enseignement

Citoyens ou sujets ?

« Citoyen », « citoyenneté », « cité » sont des concepts fondateurs de la politique en Occident, massivement investis tant par la philosophie politique (depuis Platon, Aristote ou Cicéron) que par la théologie chrétienne (de la Civitas dei de Saint Augustin à la Monarchia de Dante). Mais dans L'univers mental prémoderne, la citoyenneté est encore indissociable d'une sujétion originaire à quelque principe premier (la Nature, Dieu, le Prince, etc.) qui l'enserre dans un réseau de hiérarchies anthropologiques irréductibles. La pratique citoyenne, aussi intense soit-elle, reste celle d'un subjectus, sujet soumis à la Loi ou aux lois qui le surplombent.

Avec la modernité, la citoyenneté s'affirme comme autonomie, pouvoir de se donner à soi-même sa propre loi. A la Révolution française, qui pose l'homme et le citoyen comme détenteurs de toute souveraineté, répond la « révolution copernicienne » de Kant, qui pose la subjectivité comme « point fixe » de tout rapport au monde et aux autres. Le citoyen est érigé en subjectum, subjectivité dotée d'une conscience et d'une volonté instituantes qui, même quand elle se trouve empiriquement soumise à quelque tutelle, est toujours louée pour sa capacité à s'en affranchir. [Ecirc]tre citoyen, c'est ne plus être en situation de sujétion, c'est faire valoir sa subjectivité comme autofondation et comme universalité. L'émancipation (qu'elle procède de l'institution ou de l'insurrection) devient l'horizon de toute véritable citoyenneté. Le Subjectum (l'être-fondement) l'emporte sur le subjectus (l'être-assujetti).

Le séminaire, en mobilisant les ressources de Citoyen-sujet et autres essais d'anthropologie philosophique d'Étienne Balibar, s'attachera à inquiéter et à compliquer cette identité à soi présupposée de la citoyenneté et de la subjectivité modernes, en révélant au moins une double division de tout « citoyen-sujet » :

  • Comment ne pas soupçonner, derrière le citoyen universel et autofondé, les figures en fait particulières et autocentrées du propriétaire, mâle, national (et/ou européen) ? Quelle torsion, quel décentrement les (non)-citoyens « subalternes » - travailleurs, femmes, étrangers, racisés, etc. - opèrent-ils par rapport aux présupposés propriétaristes, phallocentriques ou ethnocentriques de la citoyenneté moderne ? Plus fondamentalement, toute citoyenneté et toute humanité ne sont-elles pas toujours-déjà divisées par des différences anthropologiques (homme/femme, national/étranger, normal/pathologique, etc.) à la fois irréductibles (au sens où l'on ne saurait penser l'humanité en dehors d'elles) et indéterminées (au sens où il est impossible d'en tracer définitivement les contours) ?
  • Comment ne pas soupçonner aussi derrière le sujet cette fois, une tension interne irréductible entre sa prétention à se poser comme « je », et sa soumission originaire à « Ça », à cet Autre inconnu et intime qui l'habite secrètement ? Le sujet de l'émancipation politique, en devenant toujours plus conscient de soi, ne découvre-t-il pas, paradoxalement, sa dépendance irréductible à son propre inconscient ? Loin d'être identique à lui-même, le sujet n'est-il pas toujours-déjà divisé entre le geste d'autofondation qui en fait un Subjectum, et son hétéronomie inéliminable, interminable, qui le ramène à sa condition de subjectus ? Le séminaire se propose d'explorer la richesse et les apories de cette division douloureuse mais féconde entre subjectivation et assujettissement, subjectivité et sujétion.



 

 

 

 

 

 

Acquis d'apprentissage (objectifs d'apprentissage) de l'unité d'enseignement

Acquisitions de contenus approfondis, conceptualisation et problématisation sur une question centrale de la philosophie théorique et pratique contemporaine.

Savoirs et compétences prérequis

Formation de premier cycle en philosophie et/ou en sciences humaines, sociales et juridiques.

Activités d'apprentissage prévues et méthodes d'enseignement

Participation active aux séances du séminaire.

 

Mode d'enseignement (présentiel, à distance, hybride)

Cours donné exclusivement en présentiel


Informations complémentaires:

Cours donné exclusivement en présentiel

Explications complémentaires:
Le séminaire se tiendra tous les jeudis du premier quadrimestre (du 5 octobre au 7 décembre), de 16h à 19h dans l'Espace Paysager au 3ème étage du Département de Philosophie de l'Université de Liège, place du 20-Août, 7 (Bâtiment A1), 4000 Liège (centre-ville). 

Programme:

3/10: Édouard Delruelle (ULiège, MAP)

Introduction générale : à partir d'Étienne Balibar, Citoyen-Sujet

10/10: Chiara Collamati (ULiège, MAP)

« L'artifice naturel » du sujet et du citoyen. Hume au point d'hérésie

17/10: Nicolas Arens (UCLouvain)

« Plus que des rois et moins que des hommes ». Sur le citoyen libre de lui-même et enchaîné à lui-même dans la philosophie politique de Tocqueville

24/10: Laszlo Gazon (ULiège, MAP) 

D'une « place » à une « relation ». La question du sujet à l'épreuve des différences anthropologiques

7/11: Martin Deleixe (ULB)

Un étranger peut-il représenter la communauté nationale des citoyens ? Détour par la Révolution française 

14/11: Manuel Cervera-Marzal (ULiège, PragmApolis) 

Les nouveaux désobéissants : citoyens ou hors-la-loi ?

21/11: Lorenzo Buti (UKLeuven, RIPPLE)

Quelle citoyenneté pour une démocratie « insurgeante » ? Philosophie sociale et enjeux politiques

28/11: Florence Caeymaex & Caroline Glorie (ULiège, MAP)

Un espace public oppositionnel à l'Université ? Confiance, diplomatie et standpoint

5/12: Mariam Mansoure (ULiège, MeThéor)

Georges Bataille : le « paradoxe de la souveraineté », entre métaphysique, politique et littérature

12/12: Jean-Baptiste Vuillerod (UNamur, Centre Prospéro) 

La subjectivation du citoyen en propriétaire de soi et du monde (Locke, Hegel, Marx)

9/01 Exposés des étudiant.e.s et discussion avec Étienne Balibar


 

 

 

 

 

 

 

 

Supports de cours, lectures obligatoires ou recommandées

Lectures obligatoires éventuelles : une bibliographie sera communiquée aux étudiants en cours de route

Modalités d'évaluation et critères

Examen(s) en session

Toutes sessions confondues

- En présentiel

évaluation orale

Travail à rendre - rapport


Informations complémentaires:

Examen(s) en session

Toutes sessions confondues

- En présentiel

évaluation écrite ET évaluation orale

Travail à rendre - rapport


Explications complémentaires:

Exercice 1 : Synthèse et élaboration autonome d'un contenu circonscrit

Lors de chaque séance, on désignera un(e) « étudiant(e)-rapporteur » qui aura pour tâche de présenter, au début de la séance suivante, un bref aperçu de la séance précédente, ainsi que d'élaborer une question articulée à laquelle les professeurs titulaires répondent. Les autres étudiant(e)s sont invité(e)s à participer à la discussion. Le rapport et la question devront être exposés en un temps maximal de 5 minutes et une version écrite (entre 5.000 et 6.000 caractères) devra être fournie aux titulaires. La qualité formelle (orthographe, style) sera prise en compte. Les étudiants qui, faute de place, ne pourront pas faire l'exercice oral, devront également rendre un court résumé et une question écrite à propos d'une séance de leur choix.

Exercice 2 : Esprit critique, problématisation d'une thématique plus générale et capacité à susciter le débat

Rédaction d'une question philosophique élaborée, laquelle peut porter soit sur l'ensemble du séminaire (question transversale), soit sur l'un des exposés (avec l'attention de ne pas choisir la même séance prise en charge en tant que rapporteur). La version écrite de l'intervention (entre 5.000 et 6.000 caractères espaces compris) doit être soignée au niveau formel (orthographe, style).


 

 

 

 

 

 

Stage(s)

Remarques organisationnelles et modifications principales apportées au cours

Contacts

e.delruelle@uliege.be

chiara.collamati@uliege.be

Association d'un ou plusieurs MOOCs