Durée
30h Th
Nombre de crédits
Master en philosophie, à finalité | 5 crédits | |||
Master en philosophie | 5 crédits | |||
Master de spécialisation en philosophie et théorie politiques | 5 crédits |
Enseignant
Langue(s) de l'unité d'enseignement
Langue française
Organisation et évaluation
Enseignement au premier quadrimestre, examen en janvier
Horaire
Unités d'enseignement prérequises et corequises
Les unités prérequises ou corequises sont présentées au sein de chaque programme
Contenus de l'unité d'enseignement
Faire tableau à la Révolution.
Temporalités complexes et figures de femmes.
Un historien (Jules Michelet) et un peintre (Jacques-Louis David) serviront de point de départ à notre enquête. À partir de leurs uvres respectives, dont on croisera les enjeux, on étudiera avec les moyens de la philosophie des problèmes de « poétique de l'histoire » (au sens donné à cette formule par le philosophe Jacques Rancière dans Les noms de l'histoire, 1992) - relisant les propositions épistémologiques émanant du cadre méthodologique de l'École des Annales, et examinant les manières dont le savoir historique se construit en nouant différents régimes d'expression. « Faire tableau » désignera l'une des modalités par lesquelles les événements (éventuellement traumatiques) de notre histoire commune accèdent au récit. Le cours de cette année (2023-2024) se distribuera sur deux axes problématiques.
I / Peintures, récits et temporalités complexes
Au fil des récits révolutionnaires - qu'ils soient historiques, littéraires ou picturaux - se tissent des formes complexes de temporalité, qui se cristallisent en particulier autour du problème de la contemporanéité : qui est le vrai contemporain de l'événement révolutionnaire ? L'examen des moyens poétiques par lesquels l'histoire s'écrit regorge de difficultés de ce type : effets de retard, « héritage contrarié », réparations impossibles, retour inactuel à des valeurs antiques, contemporanéités inventées ou reconstruites, conflit des générations, crainte du lendemain, etc. Pour une part, personne ne semble parvenir à se hisser à la hauteur de ces événements déterminants ; et à suivre Michelet, aucun peintre ne parvient à être l'exact contemporain de la rupture révolutionnaire, à traduire directement l'énergie révolutionnaire dans l'ordre des représentations, si ce n'est depuis un point de vue historiquement décalé. Or l'inactualité forcée de ceux qui cherchent à peindre le moment révolutionnaire n'a pas manqué de produire des rivalités : certains attribueront par ex. le titre de « vrai peintre de la Révolution » ou de « premier peintre à quitter l'Ancien régime » à Goya, Géricault ou Delacroix (pourtant plus tardifs). Le motif de la rivalité travaillera les premières analyses du cours.
II / Figures de femmes (affects, pitié, émancipation)
Jacques-Louis David était un peintre sérieux et moralisateur, dont le style tranchait avec celui de la peinture précédant la séquence de la Révolution française (voir Starobinski). Sans surprise, Michelet n'a pas été « emporté » par cette peinture. On a si souvent reproché à David la froideur solennelle de ses tableaux, les allusions antiquisantes rigides, le manque d'agilité de ses personnages, le sens strictement tragique des scènes peintes, qu'il est difficile aujourd'hui de prendre goût à ses uvres, comme de faire vaciller cette image sévère. On cherchera néanmoins à étudier le faisceau d'affects politiques/moraux mobilisés dans cette peinture (civisme, pitié, dévouement, etc.). Ces thématiques nous amèneront - dans un deuxième temps du cours - à étudier les figures de femmes qui apparaissent dans les « tableaux » (au sens large) de la révolution française. Au départ des figures qui peuplent l'Histoire de la révolution française de Michelet, et en élargissant à d'autres analyses (par ex. P. Delforge sur Théroigne de Méricourt), on analysera différents motifs liés aux femmes et au rôle politique qu'elles ont joué, aux premiers temps de l'ère démocratique, pour la naissance d'une communauté nouvelle. On envisagera ainsi plusieurs thématiques susceptibles de faire signe vers des préoccupations féministes actuelles (rapports à la violence, pitié, amour du roi, résistance à la domination, émancipation, etc.).
Acquis d'apprentissage (objectifs d'apprentissage) de l'unité d'enseignement
Exercer les étudiant·es à l'examen de problèmes épistémologiques de "poétique de l'histoire". Montrer le caractère déterminant de la séquence révolutionnaire de 1789 pour l'invention d'une nouvelle manière de construire les savoirs liés aux événements politiques déterminants. Examiner le "faire tableau" et les modalités multiples de représentation des affects moraux ou politiques.
Savoirs et compétences prérequis
Néant.
Activités d'apprentissage prévues et méthodes d'enseignement
Rédaction d'un travail écrit (10-15 pages) portant sur l'un des aspects de la thématique abordée au cours. Le sujet sera choisi en concertation avec les titulaires du cours - qui pourront éventuellement faire des propositions, en fonction de l'intéret de l'étudiante.
Mode d'enseignement (présentiel, à distance, hybride)
Cours donné exclusivement en présentiel
Explications complémentaires:
Durée et période : 30 heures, 1er quadrimestre.
Lieu d'enseignement et horaire : salle A2/2/5, vendredi de 10h à 13h.
(Attention le cours ne sera pas organisé en 2024-2025, mais bien l'année d'après en 2025-2026)
Lectures recommandées ou obligatoires et notes de cours
Bibliographie informative (d'autres références seront données au fur et à mesure des leçons, qui seront susceptibles de servir d'appui pour le travail écrit) :
-Jacques Rancière, Les noms de l'histoire. Essai de poétique du savoir, Paris, Seuil, 1992.
-Jules Michelet, Histoire de la révolution française, 4 volumes, Paris, Gallimard, 1952.
- « L'exécution de Louis XVI (21 janvier 93) », Tome II volume I / Livre IX chapitre XIII
- « Mort de Marat », Tome II volume I / Livre XII chapitre III
- « Mort de Charlotte Corday », Tome II volume I / Livre XII chapitre IV
- « Fête du 10 août 93 », Tome II volume I / Livre XII chapitre VII
- « Le tyran », appendice au Tome II volume II.
-Jules Michelet, La Sorcière, Paris, Gallimard, 2016.
-Anatole France, Les dieux ont soif
-Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe, livres 5, 8 & 9, 11.
-Pierre Michon, Maitres et serviteurs, Paris, Verdier, 1990.
-Pierre Michon, Les Onze, Paris, Gallimard, rééd. de : Verdier, 2009.
-Eric Vuillard, 14 juillet, Paris, Actes Sud, 2016.
-Jean Starobinski, L'invention de la liberté. 1700-1789 suivi de Les emblèmes de la Raison, Paris, Gallimard, 2006.
-Carlo Ginzburg, « David, Marat. Art, politique, religion », Peur, révérence, terreur. Quatre essais d'iconographie politique, Paris, Les presses du réel, 2013.
-Régis Michel, Géricault. L'invention du réel, Paris, Gallimard, 1992.
-Nina Athanassoglou-Kallmyer, Théodore Géricault, Phaidon, 2010.
-Simon Lee, David, Phaidon, 2002.
-Marguerite Yourcenar, Le cerveau noir de Piranèse, Paris, Gallimard, 2016.
-Mona Ozouf, La fête révolutionnaire. 1789-1799, Paris, Gallimard, 1976.
-Mona Ozouf, « La fête. Sous la Révolution française », dans Jacques Le Goff & Pierre Nora, Faire de l'histoire, t. 3, Nouveaux objets. Paris, Gallimard, 1974.
-Les Cahiers du GRIF, n° 5, « Les femmes font la fête font la grève », 1974. -Sensibilités, n° 11, « Insensibilités », 2022. -Olivier Christin, La cause des autres. Une histoire du dévouement en politique, Paris, PUF, 2021.
Modalités d'évaluation et critères
Examen(s) en session
Toutes sessions confondues
- En présentiel
évaluation écrite
Travail à rendre - rapport
Explications complémentaires:
Toutes sessions confondues :
Travail écrit.
Stage(s)
Remarques organisationnelles et modifications principales apportées au cours
Néant.
Contacts
Enseignant titulaire
Maud Hagelstein (Maud.Hagelstein@uliege.be)
Grégory Cormann (Gregory.Cormann@uliege.be)